Promenade analytique


Ce carnet à été publié au cours de l’été 2020, il retrace les études préliminaires au travail de prospective “ZETTA - modèles imaginaires”. A travers une série de 10 illustrations et textes il donne des explications sur les grandes orientations des volets ALFFA - exploration et DELTTA - outils.

 

EP1/10 : INTRODUCTION


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Nous introduisons aujourd’hui notre carnet d’été.

Ce carnet est une série de 10 illustrations accompagnées de textes inspirés de nos deux dernières années de recherche et prospective.

Il synthétise notre démarche qui est de relier de nombreux thèmes, établir des diagnostics et développer un regard critique sur les enjeux de notre époque au-delà de notre propre discipline.

Il est aussi l’introduction de la vision sur laquelle nous nous appuyons à présent pour développer des modèles de ville et d’habitat.

 

EP2/10 : EQUILIBRE


L’équilibre tel que nous l’exprimons ici est celui qui fait notre climat, et plus globalement les conditions de notre vie sur Terre. Cet équilibre est un instant, toujours en mouvement. Il est fait des cycles courts tels les jours et les nuits, les marées ou les saisons, nous faisant ressentir le temps comme un balancement fait de répétitions et de constance. Chaque cycle est cependant en modification permanente, et à plus grande échelle de temps, l’équilibre est donc aussi en perpétuel mouvement.

Il est régi par un ensemble de mécanismes complexes et intriqués faisant intervenir les cycles de l’énergie, de l’eau et du carbone :

• Les flux de l’énergie, provenant d’une part de réactions de fusion à l’origine de l’énergie solaire et d’autre part de désintégrations d’atomes à l’origine de l’énergie géothermique, dans les 10 premiers kilomètres d’épaisseur de l’atmosphère et dans les 400 premiers mètres de profondeur des océans. Ces mouvements d’énergie absorbée sont répartis autour de la Terre par les différences de densités des masses d’air et d’eau.

• Les flux du carbone, entre la biosphère terrestre et océanique et l’atmosphère, par l’intermédiaire des masses végétales terrestres, des organismes vivants et du phytoplancton qui captent le C02 de l’atmosphère et le Transforme en matière organique ou sédiments.

• Les flux de l’eau, à la surface de la Terre, par l’intermédiaire de l’évapotranspiration, l’évaporation et les précipitations en fonction des masses d’air, des pressions et des températures. Ils se compensent et régulent la disponibilité en eau dans les différents milieux.

La sensibilité de ces cycles explique les changements climatiques au cours de l’Histoire. Aujourd’hui la question est pour nous de préserver l’équilibre actuel ou (et probablement davantage) de s’adapter à son changement inéluctable.

 

EP3/10 : LA TERRE A TRAVERS L’HISTOIRE


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L’extrême sensibilité des mécanismes de l’équilibre planétaire explique les variations du système climatique au cours du temps, conduisant à un réchauffement ou un refroidissement global.

L’activité tectonique, les éruptions volcaniques et les volumes des puits de carbone ont une incidence sur les flux du carbone. Pour exemple, le taux de CO2 actuel est de 405 ppm et a varié au cours de l’histoire de 400 à 6500 ppm. L’angle d’inclinaison de la Terre intervient quant à lui dans le cycle de l’énergie reçue par la Terre. L’astronome Milankovitch a dans ce sens déterminé des changements climatiques cycliques, dus à une répartition changeante de l’énergie solaire à la surface de la Terre, provoquée par une variation périodique de son inclinaison et une déformation de son orbite autour du soleil. Ces données sur les variations cycliques du climat de réchauffement à refroidissement, nous permettent de voir qu’il existe des rétroactions négatives qui viennent tempérer les phénomènes de réchauffement du climat. En revanche, ces cycles s’étalent sur des milliers d’années !

Que ce soit du fait de l’Homme aujourd’hui, des cycles à grande échelle de temps ou encore des grandes catastrophes, le climat est donc un phénomène en constante évolution.

 

EP4/10 : PLANÈTE ET IMPACT HUMAIN


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L’échelle de la planète est fondamentale pour l’observation de la pression globale de l’activité humaine. On constate que cette problématique va bien au-delà de la simple question de l’urbanisation.

A ce propos, on observe que 72 % des terres émergées libres de glace sont affectées par l’Homme, dont 1% destiné à l’habitat et aux infrastructures. Pour sa consommation, l’humain transforme toujours plus les espaces naturels. Les sols et les forêts sont affectés pour l’exploitation de matière, pour des surfaces de pâturage et des surfaces de culture.

 

EP5/10 : IMPACTS DE LA CIVILISATION THERMO-INDUSTRIELLE


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Actuellement au cœur du changement de l’équilibre climatique, les activités humaines sont à l’origine d’impacts directs et indirects sur l’environnement, avec de lourdes conséquences, en particulier sur le vivant dans son ensemble, tant dans sa diversité que sa quantité.

Le secteur de l’agriculture par exemple soulève, dans son état actuel, un grand nombre de problématiques : la surexploitation des sols, l’utilisation d’engrais chimiques azotés et pesticides, la déforestation, la forte consommation d’énergie et d’eau, etc. Ces impacts directs influent sur la fertilité des sols, la pollution des nappes souterraines, la baisse de biodiversité et de biomasse, la suppression de puits de carbone, etc, qui à leur tour influent sur la teneur en CO2 de l’atmosphère, la perturbation de l’écosystème puis sur l’augmentation de la température moyenne à la surface du globe, la fonte des pôles et du permafrost, le dégagement de méthane, l’acidification des océans, etc.

Notre capacité à changer notre fonctionnement se trouve dans la compréhension de ces mécaniques, l’information et l’éducation, afin de développer des outils utiles pour repenser et adapter des secteurs de l’activité humaine.

 

EP6/10 : MECANISMES DE DECISION


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Comprendre le comportement humain, tant au niveau individuel que social, c’est d’abord comprendre le fonctionnement du cerveau, qui est le centre du système nerveux, capable d’intégrer les informations, de contrôler la motricité, assurer les fonctions cognitives et de prendre des décisions.

Les prises de décision mettent à contribution plusieurs mécanismes neurobiologiques dans différentes zones du cerveau :

• Le cerveau reptilien, instinctif, gérant les fonctions vitales et élémentaires

• Le système limbique, lieu des mécanismes liés à la mémoire émotionnelle, notamment par l’intermédiaire de la dopamine, neurotransmetteur favorisant l’envie et le plaisir

• Le néocortex, cerveau réflectif où siège la pensée rationnelle et logique, fonctionnant en pleine conscience

Le mécanisme de prise de décision relève d’une complexité qui peut expliquer certaines contradictions entre les comportements de survie à court terme propres à tous les organismes vivants, de plaisir et la vision à plus long terme de préservation de son environnement et de son espèce.

 

EP7/10 : MINERAIS ET TRANSFORMATION DE MATIERE


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L’ensemble des activités humaines est fondé sur un système où tout est déplacement et transformation chimique de la matière.

La chaîne du pétrole, par exemple, illustre le propos. Le pétrole brut extrait par des puits extracteurs est transporté et raffiné en vue de créer, d’une part des carburants tels que l’essence, le diesel et le fioul, et d’autre part, des produits non-énergétiques tels que le bitume, des pesticides ou les naphtas pour le plastique. Cette ressource naturelle transformée est par la suite restituée dans l’environnement sous forme de CO2 et de divers pathogènes comme les NOx, particules fines ou microplastiques que l’on retrouve partout dans l’environnement après décomposition des déchets.

Les conséquences majeures de ces déplacements et transformations sont donc d’une part une augmentation de l’effet de serre et une modification climatique, et d’autre part la dispersion de pathogènes sous des formes multiples dans l’ensemble de notre environnement, responsable de l’effondrement de biodiversité et biomasse à l’échelle planétaire.

La principale critique que l’on puisse faire de ce système est qu’il serve un système économique plutôt qu’un système de subsistance pour lequel nous avons potentiellement de multiples alternatives.

 

EP8/10 : ENERGIE


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Tout est énergie, partout, à toutes les échelles, de la cohésion de la matière aux mouvements des planètes, sous forme d’énergie nucléaire, cinétique, thermique, électrique, etc. Tout est interaction, mouvement et transfert d’énergie d’un corps à un autre et d’une forme d’énergie à une autre.

La Terre, à l’intersection de cycles essentiels à la vie, est prise entre une énergie nucléaire solaire provenant de réactions de fusion et une énergie nucléaire terrestre provenant de la désintégration d’atomes radioactifs présents dans les roches. A la surface de la Terre, le rayonnement solaire est à l’origine de l’énergie solaire thermique, du cycle de l’eau, des courants océaniques, des vents et de la photosynthèse. La matière organique permet la régénération et fertilisation des sols par sa décomposition et sa minéralisation et crée des ressources telles que le charbon, le pétrole et le gaz naturel, par sa sédimentation.

On voit que la question de l’énergie va au-delà de nos industries et de nos transports. Il ne s’agit pas d’exploitation de ressources, mais davantage de chercher à s’intégrer dans de grands cycles.

 

EP9/10 : ECONOMIE ET POLITIQUE


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Notre société repose aujourd’hui sur des systèmes politiques et économiques issus d’une longue évolution historique. Ils ont accompagné la modernité que nous connaissons actuellement mais révèlent aussi une grande complexité qui est un obstacle à son changement et son adaptation.

Par ailleurs, le système économique ne repose pas aujourd’hui sur la subsistance des populations, mais sur une mécanique de croissance et de consommation servant des intérêts déconnectés des décisions éthiques, entraînant une altération de notre environnement et un partage inégal des richesses et des ressources.

En parallèle, de nombreuses initiatives émergent, qu’elles soient issues de la science, de modèles de distribution et de partage, ou encore d’organisations politiques et sociales. Malgré cela, on ne voit pas à ce jour de modèle faisant consensus et constituant une alternative globalement appliquée.

 

EP10/10 : REACTIONS, DESTINS ET POSSIBLES


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Comme nous l’avons vu dans les épisodes précédents, nous sommes dans un moment de changement extrêmement rapide de notre environnement, à l’origine duquel se trouve l’activité humaine. Depuis 50 ans, le mouvement s’accélère malgré notre connaissance et la prise de conscience grandissante des populations.

Notre propre existence, à l’échelle des habitants actuels de la planète, se retrouve menacée. Nous pouvons alors nous demander quel positionnement et réaction adopter : rester sceptique sur les causes, croire en un infléchissement des courbes par une transition écologique, ou encore se protéger à titre individuel et préparer un monde d’après une chute de civilisation.

Face à la menace exercée sur notre civilisation, nous ressentons la nécessité de l’action tout en s’interrogeant sur la posture à adopter. Les moyens en œuvre actuellement sont insuffisants, mais nous pensons qu’il existe des leviers pour créer de nouveaux modèles, fabriquer des autonomies, protéger le vivant, préserver le savoir ou encore favoriser l’égalité.

Il s’agit, finalement, d’inventer et frayer un chemin humaniste et naturaliste entre le possible, le probable, et le souhaitable.